Gestion de l'eau: en finir avec le statu quo !

Publié le par DC

Tribune libre parue le 20/12/2004

 

GESTION DE L'EAU

    En finir avec le statu quo !   

La gestion de l’eau est un enjeu majeur si l’on considère qu’il ne s’agit pas d’une marchandise mais d’un bien commun. L’agglomération de Rouen prendra la compétence Eau au 1er janvier 2005. C’est un choix d’avenir qui a le soutien des élus communistes. Ce qui fait débat, c’est le mode de gestion qu’elle entend promouvoir. Ce choix n’est pas de circonstance, quel qu’il soit il engagera la collectivité pour des décennies. 

Le groupe communiste de l’Agglo s’est inscrit résolument dans la perspective d’une reprise en gestion publique des contrats de délégation actuels et de la constitution d’un observatoire de l’eau. Parmi les arguments principaux figurent le prix de l’eau. Comme au niveau national, la gestion « privée » est plus chère. Les trois communes qui gèrent en régie, dont Rouen, sont en moyenne 18% moins chère que la moyenne des autres communes. Faut-il encore évoquer le manque de transparence, les surfacturations, l’utilisation des provisions pour renouvellement des réseaux, la démarche sociale.

Ce qui justifie la volonté de constituer un service public communautaire de l’eau, c’est que les principaux contrats de délégation vont arriver à expiration. Cette opportunité est à saisir. On le sait, les Maires hésitent à se désengager du privé, effrayés par la complexité juridique, les difficultés financières et techniques. Au contraire l’échelle pertinente que constitue une agglomération de 500 000 habitants favorise un retour au service public et renforce la crédibilité économique et sociale de cette option. Une décision qui peut par ailleurs bénéficier du savoir-faire reconnu d’une régie publique, issue notamment du service de l’eau de Rouen, qui va d’ores et déjà au 1er janvier alimenter 40% des usagers. 

Allons nous assister à ce paradoxe du Maire UDF de Rouen laissant croire son soutien à une régie publique et du vice-président socialiste en charge du dossier défendant le statu quo dans le mode de gestion, c’est à dire la part belle au privé ? Les propos « anti-collectivistes » du vice-Président sont dérisoires face à l’enjeu, sauf à assumer une vision purement libérale. Il n’est pas admissible de rejeter à priori une démarche de reprise en gestion publique, tout comme il n’est pas admissible de refuser un large débat démocratique, voire un référendum. Le débat que l’Agglo a su initier autour du développement des transports en commun, peut l’être également sur ce sujet. 

L’exigence citoyenne qui se développe, notamment à travers des associations et collectifs d’usagers, n’est pas pour inquiéter les élus communistes qui militent pour le contrôle citoyen et la démocratie participative. Les exemples de Grenoble, Castres, Cherbourg, Elbeuf… qui ont abouti avec succès et entier bénéfice pour les usagers à des « re- municipalisations » témoignent que c’est une affaire de volonté politique. Ce qui a été possible ailleurs peut l’être ici. La Générale des eaux le sait bien, qui vient d’engager une campagne de propagande avec force moyens pour défendre sa « gestion » auprès des élus locaux. 

Oui, sur une question comme l’eau, être de gauche, se déclarer zone hors AGCS c’est s’engager dans la reconquête du service public et son contrôle citoyen. Promouvoir le service public national de l’eau ne peut pas consister à répéter cette idée en laissant les multinationales de l’eau dans notre agglomération, nos communes poursuivre les profits sur le dos des usagers, des collectivités, à utiliser l’argent de l’eau pour privatiser notre pensée et notre culture. La lutte contre la marchandisation de l’eau offre aux communistes l’occasion de mettre en acte, ici, maintenant et concrètement leur combat contre la loi de l’argent et le libéralisme.  

Date:   20/12/2004 

Didier CHARTIER 

Conseiller municipal de Rouen

Membre du collectif pour une eau publique

 

 

 

 

 

 


             

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